Cinéma : La Cité interdite
La prouesse de ce film est méritoire. Il s'agit d'ailleurs d'un véritable peplum, et cette fois-ci, c'est dans la précision historique des éléments du décor de vie que se situe la performance.
C'est en version sous-titrée française que je vous conseille de le voir absolument. Elle est impeccable pour une fois et ne comprend aucun dérapage, aucune concession au sous-langage que certains prétendent substituer à la Langue Française.
Nous assistons avec étonnement à une démonstration d'éléments précieux de la culture chinoise, même s'il faut vraisemblablement accorder une part imaginée dans la fresque très colorée de cette reconstitution. Notamment la mesure du temps, et le rythme des activités du Palais. L'univers soyeux de la Cité Interdite, dans lequel le hasard et la spontanéité n'ont aucune place, est démontré de manière éloquente. Nous sommes au X° Siècle, à l'époque des Tang, mais signalons que les personnages, fictifs, ont été mis là pour les besoins du scénario.
L'atmosphère étouffante aussi, mais celle-ci est due à l'intrigue. Et c'est une Tragédie grecque qui se déroule sous nos yeux !
La prestation martiale n'est pas forcée. Cette fois-ci, au contraire de précédents films comme Le secret des poignards volants, du même réalisateur, Zhan Yimou, pas de guerriers volants ! Et ceux qui semblent voler ont une bonne raison de le faire. Si on admire de très beaux mais courts passages de combats individuels, filmés quelquefois au ralenti, l'ensemble des démonstrations guerrières est celui des mouvements de la soldatesque. Nous retrouvons Chow Yun Fat au sommet de son art, et la sensible et belle Gong Li, pour un film dans lequel tout est soigné jusqu'au moindre détail, et qui n'use pas de faux décor.
On y entend que "la charité est inutile, la vertu suffit". De quoi nourrir de riches débats, que cette affirmation que je ne partage pas, mais je ne suis pas un Chinois du X° Siècle.
Très intéressantes pour la réflexion sur les thèmes royaux sont les définitions données de la royauté ! On y constate que la conception du roi, personne médiane, introducteur vers l'ordre supérieur et représentation de la perfection céleste, n'est pas une vision propre à l'Occident Chrétien ! De belles discussions en perspective...