Cinéma : 99 F
Joyeusement et résolument délirojantesque, 99 F est une réussite d'autant plus unique au pays du cinéma français... qu'elle me paraît unique ! Malgré mes lacunes cinématographiques qui ne m'empêchent cependant pas de saisir les grands mouvements du monde contemporain, à l'observation desquels je suis directement sensible et attaché.
Dans cette adaptation du roman de Frédéric Beigbeder, ça tangue dangereusement de partout, et je déconseille formellement aux royalistes ou catholiques fervents qui constituent un pourcentage du lectorat du site, et tous ceux dont la sensibilité conservatrice serait de mauvais aloi d'aller le voir.
C'est un délire joyeux de nature à heurter le grisâtre engoncé dans les habitudes de la soumission aux concepts de masse, du conformisme étriqué, des drogues de la convention.
C'est du génie à chaque minute, que l'on découvre dans ce film, à tel point qu'on se demande si la prouesse proviendrait du scénariste plus que du roman initial. Mais ayant entendu à la sortie de la séance, quelqu'un dire que le film était fidèle au roman, la fin venant s'y ajouter, j'ai été rassuré de cet avis anonyme émis derrière moi car il n'est pas dans mes habitudes d'écouter les on-dit des rumeurs officielles.
Une énergie de vivre et une densité jubilatoire qui me remettent le goût d'un certain cinéma américain, mais sans le sulfureux, et avec déjà le regret de penser que ces récits, sans doute en grande partie autobiographiques de Frédéric Beigbeder ne seront par conséquent suivis que par des évocations assez rares. Sinon le mauvais cinéma contemporain, idéologique, racoleur et pompeux, rongé par la Pensée unique, ne s'en remettrait pas.
C'est stupéfiant ! Esprits libres, ou doués d'une capacité de distance, ne boudez pas le plaisir de ce film qui d'emblée donne l'envie de s'engager dans la Narine Nationale.